Conférence de Roger Gil
Le lent cheminement qui a conduit la folie du grand renfermement à l’asile révolutionnaire épris de liberté est-il un cheminement éthique ? Est-il une longue ascension humanisante à partir d’une « animalité déchaînée » ou « du point le plus bas de l’humanité » ? Cette histoire de la folie mise en intrigue par Michel Foucault et qui a assimilé la déraison à l’immoralité ne fut-elle pas un contre-sens éthique sauf à faire de la maladie mentale une maladie morale parce qu’affectant la capacité du vivre ensemble coextensive à l’humanité ? L’éthique ne devrait-elle pas viser précisément à dépouiller la maladie mentale de toute connotation morale ? Il conviendrait dès lors de changer de perspective : ne pas porter sur la folie de jugement éthique, ne pas soumettre la folie à l’épreuve de l’éthique mais au contraire tenter de discerner les enjeux éthiques de la folie.