lundi 4 octobre 2021

Aux sources de l'éthique N°5

« Quand tu bois l’eau, demande-toi qui a creusé le puits »
Sagesse orientale (libre adaptation)

Du juste et de l’équitable, qui a dit :

" Lorsque la loi énonce une règle générale et que des cas exceptionnels se présentent, il est normal de remédier à l’omission ou à l’erreur du législateur qui s’est exprimé en termes généraux. Voilà pourquoi l’équitable… est même supérieur à la justice… On voit par là ce qu’est l’homme équitable… non pas celui d’une justice tâtillonne et portée au pire… La nature même de l’équité consiste à corriger la loi, dans la mesure où celle-ci se montre insuffisante, en raison de soin caractère général... "

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Aristote (384-322 av. JC.), dans son Éthique à Nicomaque (V, X) fait une distinction fondamentale entre la justice et l’équité. La justice, par la Loi et les règlements, ne peut traiter et ne traite que du général. Dès lors son application, sur le terrain, à une personne ou à une situation singulière, peut mettre en évidence des omissions, des erreurs, une insuffisance. Appliquée passivement, mécaniquement, servilement, sans penser, la Loi qui vise le plus grand Bien pour le plus grand nombre, peut, dans certains cas particuliers, devenir maltraitante et engendrer des souffrances. C’est alors qu’il peut apparaître éthiquement nécessaire de suspendre la Loi pour s’adapter à une situation singulière et c’est alors que l’on substitue l’équitable au juste. Il ne s’agit pas stricto sensu d’une transgression car le but n’est pas d’enfreindre la Loi ; le but est de ne pas tolérer les effets néfastes de la Loi dans des situations qu’elle n’avait pas envisagées. Et d’ailleurs dans une démocratie, on sait qu’aucune loi n’est parfaite, que toute loi doit sans cesse être réformée : l’équité, par rétroaction, peut ainsi conduire parfois à modifier la Loi. Parmi un nombre infini d’exemples, on peut évoquer le confinement qui en mars 2020 a interdit les visites aux résidents d’ehpad et aux personnes hospitalisées : la loi, générale, visait un objectif de préservation de la santé publique. Mais pour autant pouvait-on interdire à des proches d’accompagner un résident d’ehpad ou une personne hospitalisée en fin de vie ? Au nom de l’équité, supérieure à la justice, des équipes soignantes ont pris l’initiative d’autoriser, avec des précautions sanitaires, des visites pour des personnes en fin de vie… ce que la réglementation toléra dans un second temps. Il est triste que dans bien des cas des réglementations sur-interprêtées et rigides ont osé interdire de montrer aux proches le visage de leur défunt décédé du Covid alors que certaines équipes ont heureusement décidé de préférer l’équité. Telle est la marque d’une éthique de la responsabilité qui est certes soucieuse d’obéissance à la Loi, nécessaire sur le plan général, mais qui ne peut accepter son application mécanique et passive dès lors qu’en présence d’une situation singulière, elle peut être source de déshumanisation.

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